vendredi 15 septembre 2017

La Boule Sportive intègre les Jeux Olympiques en 2024 !

C'est le boulodrome du Grand Lyon, porte de Lyon, qui accueillera les épreuves olympiques

Jean-Luc Ricard, l'auteur du livre "le verso de la médaille" avait vu juste ... ou presque. Maxime, le héros de son oeuvre, disputera bien les Jeux Olympiques de 2024 en pratiquant un sport de boules.

Ce ne sera pas à Paris, mais au boulodrome de la
Métropole du Grand Lyon. Et ce ne sera pas en boule lyonnaise, mais en boule sportive. Hier, jeudi 16 septembre 2021 2019, le CIO a annoncé la liste des sports additionnels aux Jeux Olympiques de 2024. Alors que l'on pensait, en 2017, que les prétendants auraient quatre ans pour se préparer, le CIO avait finalement décidé d'annoncer en 2019 les sports qui intégreraient le programme des JO à Paris en 2024.

La boule sportive a finalement été choisie, aux côtés du squash, du base-ball, du surf et du karaté. La boule lyonnaise, la pétanque et la raffa volo continueront à goûter aux rendez-vous internationaux dans le cadre des Jeux Mondiaux. Retour sur cette réussite et la stratégie payante mise en place par les fédérations française et internationale de boule lyonnaise pour arriver à cet objectif.

Maxime disputera finalement sa finale olympique au boulodrome du Grand Lyon

13 septembre 2017 : le Comité International Olympique officialise la candidature de Paris pour accueillir les Jeux Olympiques en 2024. Les Sports de Boules se mettent à rêver d'olympisme : le 12 octobre 2015, la Confédération Mondiale des Sports de Boules avait déposé un dossier de candidature pour intégrer les Jeux en 2024. Les 200 millions de pratiquants dans le monde, la dimension culturelle des boules en France, le poids des bons résultats des tricolores dans les compétitions internationales sont autant d'atouts pour espérer valider cette candidature. Mais le bruit médiatique qui s'installe donne écho à la pétanque, assimilé à un loisir plutôt qu'un sport. Les clichés des journalistes ressortent, oubliant ou ne vérifiant pas les pratiques pourtant sportives des disciplines boule lyonnaise, pétanque et raffa volo.

17 septembre 2017 : la Fédération Royale Marocaine de Boules est en passe de réussir un véritable exploit : l'organisation successive de trois championnats du Monde : Jeunes en 2015, Féminin en 2016 et Masculin en 2017, en accueillant, du 17 au 24 septembre, le Mondial Masculin de boule lyonnaise. Une trilogie inspirante, qui va ouvrir les champs du possible en France.

21 septembre 2017 : le comité directeur de la Fédération Internationale de Boules élit un nouveau président. La tête de l'institution reste en France. Les nouveaux membres doivent se prononcer sur un projet : ramener le tir progressif masculin, épreuve spectaculaire de la boule lyonnaise, à trois alvéoles contre six à la création de l'épreuve. Craignant de faire régresser leur discipline et de se couper de leur base, qui s'inquiétait sur les réseaux sociaux d'une telle décision, les votants repoussent le projet (1). Il faut garder une discipline belle, avec des épreuves enviées et spectaculaires, accessibles à qui travaille : l'Argentine avec son athlète Lucas Hecker en a démontré la possibilité, à Monaco, lors du Mondial -23 en 2016. 

Monsieur Lahcen Bouhoud a ouvert les champs du possible à la France avec la trilogie marocaine

Octobre 2017 : inspirés par leur homologue marocain Lahcen Bouhoud, les présidents des fédérations française et internationale décident d'un plan d'action commun. Ce que le Maroc a réussi doit se faire en France, pour soutenir la candidature des Sports de Boules aux Jeux Olympiques de 2024. Il y aura trois Mondiaux en France : un en 2018, un en 2019 et un en 2020. Il faut démontrer au CIO les capacités à organiser de grands événements, changer l'image des boules en s'appuyant sur les spectaculaires épreuves de tir progressif et de tir rapide en double et surtout, les faire connaitre au grand public.

Novembre 2017 : après concertation et réflexion, il est décidé que les compétitions se déroulent au boulodrome du Grand Lyon. L'infrastructure est existante et fonctionnelle. Le choix de Lyon est stratégique. Lors des Jeux Olympiques, dans l'éventualité d'une candidature positive, il permettrait d'équilibrer l'axe Paris - Lyon - Marseille, la cité méditerranéenne accueillant à la Marina les compétitions internationales de voile. L'ancienne capitale des Gaules est également au coeur de deux bassins dynamiques : ligérien et lyonnais. Si leurs habitants sont souvent opposés dans d'autres sports, on a la certitude qu'ils mobiliseraient leur dynamisme, savoir-faire et engouement pour cette cause commune.

Décembre 2017 : les grands médias ne matchent toujours pas avec l'annonce de la candidature des boules aux Jeux Olympiques, souvent tournées en bon sujet de rigolade. La boule lyonnaise peine à mettre en avant ses épreuves modernes, comme depuis 35 ans. L'appellation même de la discipline est un frein : la CMSB l'appelle la boule lyonnaise, la FIB parle dans son appellation de boules, en français on parle de boule lyonnaise et de Sport Boules, terme repris et phagocyté par les Boules Sport 2024. Difficile d'identifier une discipline qui porte plusieurs noms. Le côté "sport régional" est également un obstacle à l'identification de la discipline par le grand public : ce volet local se retrouve jusque dans sa dénomination. Un changement d'orientation est acté.

Le jour où FIB et FFSB décidèrent du changement d'orientation

Janvier 2018 : les fédérations tombent d'accord sur plusieurs points : la boule lyonnaise doit continuer à exister et conserver ses épreuves de référence, qui font parties de son patrimoine. Il est en effet impossible de risquer se couper de sa base, conséquente au niveau national mais goutte d'eau au niveau international, alors que seulement trois ans de travail sont devant elles pour séduire le CIO. La discipline doit donc résoudre une équation : conserver sa lisibilité acquise depuis tant d'années, ne pas froisser et entraîner sa base sur une nouvelle dynamique, évoluer pour élargir son audience et muter en une discipline simple et lisible pour conquérir le coeur de nouveaux pratiquants et spectateurs.

Sous l'égide de la Fédération Internationale de Boules est alors créé, à côte de la boule lyonnaise, une boule sportive. La CMSB étant le porteur de la candidature et le seul interlocuteur du CIO, cette boule sportive intègre automatiquement le dossier de candidature aux Jeux Olympiques, la FIB étant membre de l'institution.

(Re)naissance de la boule sportive : elle se construit sur les bases de la boule lyonnaise, mais sur les critères de nombreux sports, pour être rapidement lisible :

- un terrain unique homme / femme, plaçant la seconde barre à 16,50 mètres,
- des boules de diamètre et poids identiques et colorées,

Ces deux premières décisions permettent d'aborder la possibilité d'une mixité sans aucune contrainte et d'offrir des conditions de jeu uniques à tous, comme dans beaucoup d'autres sports.

- l'épreuve du double est privilégiée dans les épreuves "partie de boules", même si toutes les autres restent possibles,
- les parties de boules se jouent à but non annulable et non perdable, aucun sport ne permettant de se sauver quand on est en difficulté (2).

Chaque boule jouée comptant désormais, le spectacle et l'intensité seront dans chacune des boules jouées. Les boules étant colorées, le jeu offrira une lisibilité et une compréhension immédiate du jeu.

Barbara Barthet, championne de tir progressif, ambassadrice de la boule sportive

A côté des épreuves de "jeu traditionnel" (mais désormais complètement sportives), les épreuves de courses reprennent le concept d'Athletic Bocce, présenté à Nice en 2016 à l'occasion du championnat d'Europe. Athletic Bocce est une pratique du jeu de boules qui consiste à courir, pour lancer une boule, en vue de toucher et déplacer un nombre défini de boules cibles, en un minimum de temps. La course est continue et en aller-retour : le joueur tire alternativement dans un sens, puis dans le sens opposé.

Au tir progressif de la boule lyonnaise, on courre contre le temps (cinq minutes) pour toucher un maximum de cibles. Avec Athletic Bocce, on joue contre un challenge à atteindre (un nombre défini de cibles à toucher) en un minimum de temps. Le temps mis pour réaliser le challenge vaut pour classement.

Le concept offre de multiples challenges à relever, codifiés par la lettre T, suivis du nombre de cibles à déplacer. Les challenges portent sur des cibles fixes ou qui progressent sur les alvéoles à chaque réussite (comme au tir progressif), sur deux, trois, quatre, cinq ou six alvéoles. Alors que la boule lyonnaise et son tir progressif offre une pratique élitiste et limitée dans le temps (cinq minutes), la boule sportive s’adresse à toutes celles et ceux qui recherchent une pratique sportive amusante, basée sur la course et sur l’adresse. Elle offre une performance à chacun, une performance à son image.

Les deux épreuves de référence présentées pour la candidature aux Jeux Olympiques seront communes aux masculins et aux féminines, là encore dans un souci de lisibilité et de simplicité. Ce sera le T50 (combien de temps pour toucher 50 boules) en P4 (progression des cibles sur quatre alvéoles) comme épreuve individuelle et le T55 (combien de temps pour toucher 55 boules) en R 4/2 (cibles sur les alvéoles 4 et 2) comme épreuve en double.

Comme les anneaux olympiques, les boules sont rondes et seront colorées pour les jeux

Le choix des épreuves des Jeux Olympiques : les épreuves choisies par la boule sportive pour concourir aux jeux olympiques sont :

- les doubles masculin, féminin, mixte,
- les T50 en P4, individuel masculin et individuel féminin,
- les T55 en R 4/2, double masculin, double féminin, double mixte,
- les tirs de précision (identique à celui de la boule lyonnaise féminine), individuel masculin et individuel féminin.

Février 2018 : sortant d'une année 2017 qui avait offert un spectacle incroyable, avec énormément de monde dans les tribunes (Béraudier en janvier, France-Chine à Eybens et à Feurs en février, Finales des Clubs en mars, France Tirs en avril, Bellecour à Lyon en mai, Emile Terrier en juin, France Doubles en juillet, Finale du GDP à Lyon en juillet, France Quadrettes en juillet, France Simples en août,....), les boulistes "lyonnais" se demandaient s'ils pourraient revivre de telles émotions.

Ils adhérent complètement au projet présenté par les deux fédérations, la boule sportive étant complémentaire à la boule lyonnaise, chacun restant libre de choisir sa pratique.

Trois ans d'effort et de travail s'annonçaient alors devant eux, afin de transformer le rêve olympique en réalité, avec le succès que l'on connait aujourd'hui.

Fiction, prospective ou feuille de route ? N'hésitez pas à partager si vous aimez !


1/ Le tennis n'avait pas décidé de mettre des balles plus lourdes pour éviter que le tennis mondial ne soit dominé par les quatre monstres  : Nadal, Federer, Murray et Djokovic. La logique était la même dans leur décision.
2/ Le sport offre une lutte à forces égales : si l'on n'est pas bon et que notre adversaire n'est pas bon, on limite la casse, sinon on paye.


Rendez-vous au boulodrome du Grand Lyon en 2024 ?

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