vendredi 25 janvier 2013

Nicolas Romanowski, entraîneur, joueur, compétiteur

Nicolas Romanowski est à l'affiche : il fait l'actualité à double titre, à l'occasion de la seconde étape du Super 16, qui fait escale samedi et dimanche à Eybens. Il revient en Isère quelques semaines après le Mondial U18 et U23 (où il était responsable des -23 ans), en tête du Super 16 après la victoire de son équipe (Bal de Saint Denis en Bugey dans l'Ain) lors de la première étape à Andrézieux-Bouthéon.

Lors du Mondial Jeunes de Saint-Vulbas en 2010, Nicolas m'avait littéralement « bluffé » par son analyse à chaud à l'issue de la compétition, en clôture de la retransmission
mise en place pour l'évènement. L'occasion était trop belle d'écouter à nouveau sa parole, sur les deux sujets qui l'amène à la Une de Culture Sport Boules ce week-end .

Avec plus de recul, mais tout aussi pertinent, une interview à nouveau riche, à découvrir passionnément après quelques éléments de présentation.

Présentation                                                                                                                                              

A visiter, le site du CBD Ain
Nicolas Romanowski est employé à temps plein par le comité bouliste de l'Ain, en tant que Conseiller Technique Départemental. 

Parmi ses fonctions, on retrouve l'animation scolaire, la formation d'enseignants, le suivi des Centres d'Accueil jeunes, les compétitions jeunes, l'encadrement des clubs masculins N3/N4 mais aussi des clubs féminins de N1, le suivi des S.H.N, la formation de moniteurs et, pour finir, le secteur communication avec notre blog www.sport-boules01.com

Il intervient sur sa mission des -23 ans au niveau fédéral en dehors de son temps de travail pour le comité de l'Ain, lors de récupération ou de congés (il est ainsi employé par le comité de l'Ain et non par la Fédération).
(Je profite de l'occasion pour remercier le Comité Bouliste de l'Ain pour son soutien financier à Sport Boules Diffusion en 2012, renouvelé en 2013.).

Côté jeu, Nicolas Romanowski est licencié en traditionnel à Saint Denis en Bugey, pour sa huitième saison. Il y trouve « une équipe de bénévoles passionnés autour de Daniel Fantin (le président) » et  il s ' « identifie très bien dans une A.S comme celle-ci ». En licence Club, on le retrouve à  Mitry Mory (77) depuis 2012, car « c'est l'entité qui m'a permis de me révéler quand j'avais 18-20 ans pour me laisser partir ensuite à Saint Vulbas ».
Joueur dans l'équipe de Jérôme Bal, en première division, il apporte son expérience acquise par son travail en essayant « de faire passer des choses surtout à nos deux tireurs, Gérard et Dorian, notamment dans la gestion des moments faibles, ou quand les échecs sont dus à leur technique ». Une équipe qui comprend (on le verra plus tard) de grands joueurs avec leur  vécu et expérience « et donc des points de vus différents, qui donne parfois des moments assez croustillants ! »

Lors du dernier mondial à Eybens, il était responsable des -23 ans, aux côtés de Michel Touron, responsable des -18 ans, dans une délégation amenée par Jean-Claude Poyot et Jacques Faresse.

Dans sa missions de responsable de cette catégorie, il lui a semblé utile de « donner à ces -23 un encadrement de qualité et disponible à 100% pour la préparation et pour le mondial en lui-même ». Il a donc demandé au D.T.N  les services de Stéphane Pingeon qui, « par ses compétences et sa passion pour notre sport, devenait un élément primordial à l'encadrement surtout sur un championnat du monde avec des épreuves sportives ».

(Pour Saint-Vulbas, dans un contexte inversé – moins de 18ans sur des épreuves sportives et moins de 23 ans sur des épreuves traditionnelles - l'encadrement avait été modifié : il intervenait toujours avec les -23 ans, tandis que Stéphane Pingeon, quant à lui, gérait les -18 qu'il avait préparé).

L'interview                                                                                                                                                

Culture Sport Boules : Tu reviens à Eybens quelques semaines après le dernier Mondial Jeunes, quel souvenir gardes tu de ce championnat et quelle analyse en tires tu avec le recul ?
Nicolas Romanowski : Tout d'abord je ne suis pas sur d'être à Eybens ce week-end car je suis retenu dimanche sur un stage de -15 ans. Pour revenir au Mondial d'Eybens, les souvenirs qui reviennent portent souvent sur la solidarité et la cohésion du groupe, ces petites images qui reviennent avec des attitudes où le projet de départ de gagner et de faire gagner a été respecté par les joueurs.

Ensuite côté analyse, il faut remettre les pieds sur le plancher des vaches. On a certes fait un bon mondial, mais il n'est pas du même cru que Dardilly ou Rijeka, où nous avions récolté quatre médailles d'or sur six épreuves. Nous sortons d'Eybens avec deux médailles d'or et le sentiment d'avoir bien travaillé, car dans les autres épreuves qui nous ont échappé nous avons été performants.

Quatre joueurs et deux médailles en or pour la France  à Eybens (source : ffsb.fr)
Après coup c'est un raisonnement qui doit nous interroger : il veut dire que sur certaines épreuves, même en étant proche de notre meilleur niveau, on ne gagne plus ! Les duels franco-croate du simple et du tir progressif en sont la preuve : nous n'avons pas démérité dans ces deux oppositions mais, à la sortie, elles sont perdues. Etre vice-champion du monde n'est pas un titre. Même constat pour le combiné et précision, les performances ne sont pas en dessous de leur niveau mais elles n'ont pas suffi, même si ça se joue à une boule ou une cible.

Donc oui, il me parait nécessaire aujourd'hui de mettre en avant nos champions du monde pour leurs efforts et prestations réalisés à Eybens mais aussi de ne pas tomber dans une euphorie qui n'a pas lieu d'être car quatre épreuves nous ont échappé. La culture du haut-niveau consiste à célébrer des victoires et non des défaites.

D'autres nations progressent, la Croatie possèdent des joueurs performants avec un mental et une envie de nous piquer à vif.

En regardant tout à l'heure les images de la défaite du handball français contre la Croatie, j'ai retrouvé les yeux de Cubela dans le regard certains joueurs Croates. Ils veulent montrer qu'ils existent et c'est tout à leur honneur. Il nous faut désormais avoir un mental et une agressivité qui supplantent leur envie, un niveau de jeu et de performances bien supérieurs afin d'éviter ces défaites.

Les statistiques du tir progressif témoignent aussi de cette montée du niveau de performance : lors de ce mondial, trois joueurs avaient déjà réalisé des performances dépassant les 46 frappes et surtout atteint les 50 boules lancées, ce n'était pas le cas à Rijeka.

Le regard de Pero Cubela immortalisé par Jacky Galliot à Saint-Vulbas

C.S.B. : Responsable des -23 ans, quel est ton avis sur la catégorie ?
N.R. :  La catégorie -23 ans, en France, est mal définie et pourtant si importante ! Je m'explique : "mal définie" car mis à part le France Tirs, aucun autre championnat ne propose une catégorie spécifique -23. Au final, ces joueurs ne s'opposent que très rarement alors qu'ils ont leur propre championnat du monde !


Dans le même sens, on a du mal à retrouver cette catégorie au plus haut niveau et encore plus en traditionnel. Si, dans certains clubs (Gap, CRO Lyon), on les retrouve sur les épreuves sportives, ils sont moins présents à ce même niveau dans le combiné ou au quatrième tour.

Quant à ceux présents dans l'Elite traditionnelle, on les compte sur les doigts de la main. Au final, ils sont mal identifiés et peu reconnus.

Pourtant cette catégorie -23 ans me parait être l'antichambre des séniors. Nos meilleurs joueurs de demain apparaissent sûrement dans cette catégorie. En partant de ce principe, j'ai volontairement mis de l'importance sur certains critères de sélection même pour les épreuves de jeu traditionnel. Je parle ici de leur condition physique et de l'image qu'ils donnent de notre activité.

Julien Molager, -23 ans à la CRO Lyon (source : Crolyon-boules.com)


On se doit d'avoir en tant que sportif de haut niveau un minimum d'hygiène et de tenue sur et en dehors des terrains dans le cadre de la compétition. Ces athlètes doivent prendre conscience, qu'à un moment ou l'autre, une lumière va se poser sur eux. Des jeunes boulistes, des novices, des S.H.N de sports différents, des élus, porteront, à un moment ou un autre, le regard sur ce maillot tricolore et dans ce contexte précis, celui qui le porte devient un exemple et un ambassadeur de notre discipline. 

Alors soyons performant et bien dans notre peau.

C.S.B. : Aurais tu une ou deux anecdotes (fait drôle, émouvant ou encore passionnant,...) à nous rapporter sur ce Mondial
Podium en double pour Nicolas Bourrin et Jordan Rapoud
N.R. : Je pense à Nicolas Bourrin, énorme dans la finale, qui ne laisse rien transparaître. Des petits sourires quand même lors du podium, quelques accolades avec ses proches et ses amis et plus tard il réalise : les larmes, les émotions ressortent...

Les bleuets et les interviews...difficile quand il faut parler de notre pratique, certains s'en sortent bien, arrivent à faire des phrases, la prise est faite en 3'. Pour d'autres, dont je tairais les noms, il a fallu recharger les batteries de la caméra !!!


C.S.B. : Tu viens également en Isère en tête du Super 16, après la victoire de ton équipe lors de la première étape à Andrézieux. C'était d'ailleurs votre premier Super 16 après l'accession en première division. Quel souvenir gardes tu de cette découverte de la compétition et de vos résultats ?
N.R. : J'ai évidemment apprécié la force de frappe de Dorian (Rapoud), nos adversaires un peu moins, complétée par la montée en puissance de Gérard (Bailliez) au fil des parties. La qualité de notre point, c'est notre seconde saison avec Franck Tignat : il fait parti des meilleurs pointeurs de tête français, ce n'est plus trop une surprise. Il a été très bien secondé par Bertrand (Sauchay) qui, par ses qualités de joueur de simple, maîtrise très bien également ce secteur de jeu.

Mais malgré tout, l'image qui restera, c'est ce quart de finale contre Pat (Verne). Dorian fait deux carreaux à l'avant dernière mène qui ont compté : il plante un sec sur une boule au fil à 17 mètres à la dernière mène et expédie trois boules aux planches de sa seoonde. Bilan : neufs points en deux passes.
La finale a permis également de mettre en évidence quatre jeunes tireurs, entre 22 et 24 ans, ayant réalisés de belles choses.

Pour le reste, surtout sur le contexte du Super 16, on ne sent pas une réelle différence entre les grands prix et cette compétition "vitrine" de notre fédération. Cela se ressent un peu chez certains joueurs, il y a de la qualité c'est indéniable mais pourquoi ne pas essayer chaque année d'apporter un petit plus dans l'organisation et la gestion de cette compétition ?

C.S.B. : Peux tu nous présenter rapidement les sept joueurs de l'équipe, avec leurs caractéristiques ?
N.R. : 
Jérôme BAL : Chef d'équipe, notre sponsor mais aussi joueur de boules de la quadrette, passionné par les boules, il s'investit beaucoup dans ce qu'il fait.

Cinq des sept joueurs lors du 1er Super 16 à Andrézieux
Franck TIGNAT : pointeur de tête, l'un des meilleurs à ce poste, de l'expérience, compétiteur, un caractère bien trempé : c'est le point commun des joueurs de notre quadrette !

Bertrand SAUCHAY : pointeur, tireur, joueur complet, très appliqué avec, lui aussi, ce caractère de compétiteur !!!

Nicolas ROMANOWSKI : même profil que Bertrand et hélas avec le même caractère !

Gérard BAILLIEZ : tireur second, très adroit, capable de faire des carreaux, plus discret que les autres dans les moments forts, mais se fait connaître aussi quand cela va moins bien. Plus sérieux, il serait une valeur sure pour les -23 ans! Dommage.

Dorian RAPOUD : tireur de tête, une trajectoire hors norme, grosse capacité à faire des carreaux, très discret sur le terrain, profil intéressant pour un -23 mais lui aussi doit travailler sur lui.

Stéphane PINGEON: le joker, il est hors norme, pas très motivé par le traditionnel, il n'en reste pas moins un joueur d'une qualité exceptionnelle.

C.S.B. : Si tu devais donner trois mots, un commençant par C, un par S, un par B pour définir votre équipe ?
N.R. :
"C": compétiteurs, on aime bien plus les compétitions à l'entraînement... lorsque les sensations sont présentes, cet esprit nous permet de hisser très haut notre niveau de jeu. Dans le cas contraire, cela fait aussi de nous des joueurs qui détestent le fait de mal jouer et de manquer des boules, d'être dominés, dans ce cas, on peut retrouver quelques tensions sur le jeu ! Mais il y a des liens dans cette équipe, un respect des autres permettant de passer à autre chose quand on sort du terrain.

"S": Saint Denis en Bugey, petite société du Bugey, une cinquantaine de licenciés, avec deux équipes en Elite, une championne du monde. Une équipe de bénévoles qui se démène pour faire vivre la société, trouver des fonds, faire les jeux, aménager le boulodrome. 
Je me dois de les citer au risque d'en oublier : Daniel Fantin, Alain Magdelaine, Nathalie, Pascal, Gérard, Alain, Michel, les frères Robin... et oui j'en oublie!

"B": Balou, après le clin d'oeil à la société, notre chef de quadrette, Jérôme BAL, il joue très peu, il nous fait confiance, il sponsorise avec la société notre saison, ce n'est pas rien. Un mec de l'ombre qui doit détester qu'on parle de lui !

C.S.B. ;Par quoi as tu envie de terminer cet entretien ?
N.R. : Par une pensée omniprésente vers un autre chef de quadrette avec qui Bertrand et moi avons joué des années. Un homme avec son franc parler, très grand pointeur de tête, il m'a apporté beaucoup de choses, notamment sur la perception des autres et de notre sport. Aujourd'hui bizarrement, cette équipe ressemble à sa personne, une équipe qui se débrouille pas mal "pour des petits joueurs de quartier". Je parle ici de Roger Duffez, on pense toujours à lui.

Le sourire de Roger Duffez qu'on n'oublie pas (source : leprogres.fr)








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