mercredi 16 mars 2011

2012 : L'ASCENSION GAPENCAISE

Photo : Le Dauphiné Libéré

Si pour certains, 2012 (et notamment sa date du 21 décembre) évoque l'année fatidique où la Terre et ses habitants connaîtront un processus de transformation énergétique (l'irrationnel est l'un de mes autres centres d'intérêt) dénommé Ascension, pour les amateurs de Sport Boules, notamment du côté des Hautes Alpes, l'année prochaine symbolisera la marche de l'ascension dans la cour des très grands.

Le club sportif de la Boule Ferrée Gapençaise vient en effet de se qualifier pour la prochaine saison de Coupe d'Europe, en décrochant la troisième place du championnat des clubs sportifs en catégorie élite.

Ce très beau parcours est en grande partie du à un homme, un passionné de Sport Boules. Après avoir réussi à fédérer une communauté de passionnés, grâce à l'outil internet, autour de son site référence Tout le Sport Boules, Fabrice Soubra vient de réussir un nouveau pari : amener une jeune génération de doués de la discipline au pied de l'Europe.

A la veille des finales du championnat de France des clubs sportifs (qui seront retransmises en direct à partir du site de Saint Vulbas), c'est l'entraîneur breveté d'Etat de la B.F.G., qui revient pour Culture Sport Boules sur le parcours de son équipe.

C.S.B. : tout d'abord je profite de l'occasion pour te remercier publiquement aujourd'hui pour les liens de Tout le Sport Boules vers le blog, qui apportent aux billets une belle audience.
Fabrice Soubra : Je t'en prie, Tout le Sport-Boules a pour vocation de faire la promotion du Sport-Boules par la communication. Toutes les initiatives individuelles méritent donc d'être mise en valeur, surtout lorsque celles-ci sont des chroniques qui nous tiennent informés de ce qu'il se passe un peu de partout. Le Sport-Boules a besoin de cela.

C.S.B. : quel était l'objectif du début de saison et quel bilan tires tu de cette saison en club sportif ?
F.S. : L'objectif de notre saison était de franchir un palier. Nous avons dans nos rangs de nombreux jeunes de grand talent. Le but était de faire éclore le plus vite possible ces talents. Vu le contexte du championnat, j'ai toujours cru que nous pouvions terminer troisième de ce championnat en réalisant une préparation sérieuse. C'était d'ailleurs l'objectif que nous avions affiché auprès de la presse locale et de nos élus. En réussissant cela, nous savions que nous avions une chance de nous qualifier pour une Coupe d'Europe, ce qui est le rêve de toute une génération à Gap. 
La Boule Ferrée Gapençaise a connu de nombreux champions dans son histoire et cette histoire est ponctuée d'exploits. La B.F. Gap a connu 7 champions du Monde dans ses rangs… En seniors : Robert Millon (4 fois champion du Monde quadrette, décédé en 1976), Patrick Gielly (Champion du Monde quadrette senior 1991). Chez les moins de 18 ans en quadrette : Christian Coudurier, Jean-Pierre Ghebbano, Jacques Faresse et Hugues Bruyant (2 fois). Enfin en double et combiné en 2010 : Guillaume Abelfo !
Notre objectif était donc d'écrire un nouvel exploit dans les anales de la B.F. Gap, et c'est chose faite, puisque la Fédération Internationale a entériné en décembre la qualification de 3 clubs français pour la Coupe d'Europe 2012. Maintenant nous avons hâte d'être à la saison prochaine pour découvrir cette Coupe d'Europe.
 Le bilan de notre saison est très positif, nous avons beaucoup progressé, même si nous avons eu très chaud à plusieurs reprises, notamment à Romans et à Brives Charensac. Le bilan est surtout qualitatif car nous parvenons à attirer du Monde dans notre sillage. Nous enregistrons en moyenne 250 entrées dans notre boulodrome les jours de match et nous avons réussi à emmener une quarantaine de supporters à Aix les Bains et à Lyon. Parmi ces supporters, il y a des gens qui n'étaient pas boulistes et qui commencent à pratiquer le Sport-Boules. Le club sportif est donc un moteur de développement pour le Sport-Boules à Gap et c'est pour moi un élément essentiel pour l'avenir de notre discipline.

C.S.B. : avec les bons résultats du C.F.B. de Gap depuis plusieurs années, le club sportif Elite apparaît comme une continuité logique dans la vie du club ?
F.S. : Absolument ! Cette continuité s'est construite depuis très longtemps, puisque Gap a toujours été un club formateur. Ce rêve de Coupe d'Europe a été initié par Jean-Jacques Bruyant, grand défenseur des clubs sportifs et Jacqueline Pellegrin à la fin des années 1990. A cette époque, les dirigeants de la B.F. Gap avaient fait le pari d'embaucher un éducateur (Stéphane Fournier) pour relancer la pratique notamment au niveau des jeunes, ce qui a donné un coup de fouet à nos effectifs jeunes grâce à un travail extraordinaire. 
Depuis le travail a continué, j'ai toujours suivi de très près les jeunes et nous récoltons aujourd'hui les efforts de toutes ces années de formations. Je me suis tellement investi ces dernières années, que notre équipe est devenu ma seconde famille et j'ai parfois l'impression de choyer les jeunes comme s'il s'agissait de mes propres enfants.

C.S.B. : as tu une ou deux anecdotes (fait drôle, émouvant, passionnant,...) arrivées au cours de la saison écoulée ?
F.S. : La première anecdote a été la première réunion de la saison durant l'été 2010, où j'ai annoncé que j'allais stopper ma carrière de joueur pour me consacrer à l'encadrement, car je pensais que cela nous permettrais d'aller en Coupe d'Europe. Certains se demandaient si j'étais sérieux, mais comme je dis souvent : quand on croit très fort en quelque chose, on se donne les moyens d'y arriver.
Photo : J. Galliot (temps mort à St Vulbas)
 La seconde anecdote est notre match retour à Aix les Bains, où nous savions que la troisième place se jouerait en grande partie. Dans l'ultime mène du double, Anthony Pellegrin n'a plus qu'une boule et doit chasser deux boules adversaires tout en restant au carreau pour marquer quatre points et égaliser, ce qui nous aurait permis d'être en tête avant le dernier tour… A cet instant, j'ai vraiment eu la sensation qu'il se passait quelque chose et que le destin allait nous envoyer un signe… Anthony a réussit l'exploit. Des frissons m'ont traversé et lorsque l'on a gagné le relais, nous donnant le gain du match, j'ai craqué et je suis allé pleurer dans les bras des jeunes.
Enfin, la dernière anecdote est l'aboutissement de tout notre travail avec un match extraordinaire à Lyon lors de la demi-finale et la confirmation de l'éclosion d'un grand spécialiste du tir progressif : Guillaume Abelfo. Il est entré dans les anales du Sport-Boules en signant 50/51 en tir progressif, la veille de ses 18 ans. Une performance que seuls deux hommes ont réussit avant lui dans l'histoire du Sport-Boules : Sébastien Grail et Marco Ziraldo.

Photo : J. Galliot
C.S.B. : quelques mots justement sur la performance de Guillaume Abelfo lors de ce barrage contre la CRO et sur le joueur en général ?
F.S. : La performance de Guillaume est hors du commun. A 18 ans, il réussit à tutoyer les performances du plus grand maître du tir progressif, Sébastien Grail... Tout en dégageant une facilité déconcertante. En plus, il a à mon avis une marge de progression encore importante.
Mais plus que le joueur, j'aimerais parler de l'homme. Guillaume a une personnalité de battant, un esprit sportif très fair-play et il possède en lui le goût de l'effort. Il possède aussi en lui la capacité de croire en ses rêves et en ses exploits, ce qui lui donne la force de réussir ce qu'il réussit. 
Enfin, humainement, Guillaume est un garçon extraordinaire dans la vie. Il a le coeur sur la main et sait se rendre disponible lorsque l'on a besoin de lui. Bref, c'est un garçon extraordinaire tout simplement.


C.S.B. : que penses tu de la mise en place du bonus défensif ?
F.S; : Le bonus défensif est une excellente mesure, même si elle n'a pas souvent joué en notre faveur cette saison, notamment lors de la demi-finale à Lyon. Car avec l'ancien règlement nous aurions terminé le traditionnel à 14 partout, alors que là nous étions 23-25.
Mais globalement, cette mesure a prouvé son efficacité. Les épreuves sont disputées avec plus de sérieux jusqu'à leur terme, le spectacle est au rendez-vous jusqu'au dernières boules. Et le public ne reste plus sur sa fin dans le traditionnel avec des serrements de main prématurés qui ont quasiment disparus. Les équipes se battent sur toutes les boules et sur tous les points. Cela ravi les spectateurs et améliore l'image du Sport-Boules.

C.S.B. : si tu devais donner trois mots, un commençant par C, un par S, un par B, pour définir l'esprit du club sportif dans un club ?
F.S. : C comme Compétition, S comme Sportivité, B comme Bonheur.

C.S.B. : quelle question aurais tu aimé que je te pose et quelle réponse y aurais tu apporté ?
F.S. :  Quel est ton plus grand regret ?
Celui de stopper ma carrière de joueur. J'ai toujours été passionné par le tir progressif et aujourd'hui encore, cela me démange de me relancer dans une préparation physique et dans une carrière de tireur sportif, peu importe le niveau. Surtout quand je vois les exploits de nos jeunes. Quand j'étais joueur, les méthodes d'entraînement n'étaient pas ce qu'elles sont aujourd'hui, ce qui ne m'a pas permis d'atteindre mon meilleur niveau…


J'aimerais pouvoir un jour me préparer à fond pour voir jusqu'où je serais capable d'aller. Mais aujourd'hui ce qui m'intéresse c'est de savoir jusqu'où notre équipe est capable d'aller et jusqu'où nos jeunes vont pouvoir progresser. Mais aussi de voir si nous réussirons à permettre le développement du Sport-Boules grâce à l'impact image de notre équipe. Je vais continuer à travailler avec notre équipe. C'est un sacrifice pour moi, mais je vais le faire de tout mon coeur, car je crois que nous pouvons encore franchir un palier.

3 commentaires:

  1. que du bonheur sousou quand je vois ce que tu dit; que du réve continu dans tous ce que tu fait et merci encor marco

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  2. Super interview,un grand merci à tous les deux, grâce à vos sites le sport boules est bien représenté et on a plaisir à vous lire, bravo aussi à Guillaume et à son entraîneur pour ce superbe 50/51, effectivement c'est un jeune très gentil et très talentueux, sincères félicitations pour les résultats sportifs.

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  3. Merci Mine pour ton commentaire. Il y a en effet beaucoup d'espoir et de sources d'inspiration à trouver dans les réponses de Fabrice. J'aime particulièrement cette interview. Christophe

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