lundi 10 décembre 2012

Les Boules en Chine

Bernard Champey revient d'une grande tournée de promotion des Sports de Boules en Chine.

Un aperçu en a été donné dans le billet consacré la semaine dernière, un autre est disponible par ici.

Inévitablement, ces retours amène des questions. A nouveau, Bernard a bien voulu se prêter au jeu de l'interview. Il nous détaille les dessous de sa tournée, nous
éclaire sur ce que sont "les boules en Chine", nous livre une vision de développement. Et si l'avenir des boules en général, et du Sport-Boules en particulier, passait par la Chine ? Entretien :

Culture Sport Boules : Peux-tu nous expliquer le contexte de ta tournée en Chine ? Son pourquoi et son comment ?
A Chengdu, province du Sichuan
Bernard Champey : Il y a trente et une provinces en Chine et il est bien difficile de répondre à toutes les invitations. Une tournée se construit car les déplacements sont très longs et assez coûteux. La province du Sichuan, qui est la plus peuplée de Chine, me demande depuis cinq ans de venir les visiter. La province du Sichuan est surtout organisée par les vétérans.

L’intérêt de visiter une province est de découvrir comment la boule est perçue dans chaque province. Chaque province en Chine est capable de venir en France. Il fallait donc s’adapter pour réaliser cette partie de la tournée et c’est par le biais du tourisme que cette longue tournée fut possible.

Il suffisait de commencer par les grandes universités et de terminer par les universités pour trouver le bon équilibre. Il est bien difficile aux institutions nationales et internationales de comprendre ce système, mais depuis vingt années que je le pratique, il débouche sur de nombreuses possibilités  concernant les solutions d’échanges qui sont en adéquation aussi bien avec l’économie, le tourisme la culture ou  le sport.


Début de la tournée à l'Université de Pékin

C.S.B. : Université des trois Boules ? Est ce à dire qu'on y pratique la pétanque, la Raffa et la Lyonnaise ?
Raffa à l'Université de Xian
B.C. : Les universités qui pratiquent les trois boules ont bien compris le discours de la CMSB qui prône à unir les boules afin de nourrir le dossier olympique au CIO. Je répète que  la CMSB est la seule institution en rapport avec le CIO pour la reconnaissance olympique.


La France a beaucoup de retard dans le domaine de l’union et n’est pas le bon exemple. La Chine est un exemple et c’est pour cela que j’ai tenu à ce que la Raffa Volo rentre dans la FFSB. Il m’a fallu vingt ans !


Car j’ai débuté en Chine avec à la Raffa Volo et l'on a pu faire rentrer la Lyonnaise grâce à la Raffa Volo.


Ensuite, on découvre que la Raffa Volo est le sport national en Italie bien avant la Lyonnaise et que finalement pratiquer Lyonnaise et  Raffa semblent très complémentaires.


Raffa à Chongqing, la plus grande ville de Chine

C.S.B. : A la lecture de tes retours, on ressent une pétanque et une Raffa bien implantées, et une Lyonnaise en développement. Est ce bien cela ? 
B.C. : La Raffa Volo est le Jeu de boules chinois. C’est leur culture et partout en Chine, on trouve des installations de Raffa Volo. Des milliers de jeux.

Une fois que la Lyonnaise fut acceptée par le gouvernement chinois, ils ont adapté les épreuves du Sport Boules sur les terrains de Raffa qui ont pratiquement les mêmes mesures car le traditionnel en Lyonnaise ne se joue pas et ne se jouera jamais.

Jeu de Raffa dans une ville à 33 millions d'habitants

Avec Marcel Roualt à Zigong
La tradition chinoise est basée sur la Raffa qui offre la couleur et la possibilité de tirer au vol ou à la rafle. En outre, la stratégie de la Raffa est plus élaborée que la Lyonnaise et plait aux pratiquants chinois.

La pétanque fait partie de la CMSB et les chinois le savent, mais le manque de mouvement n’encourage pas pour l’instant toute une  génération de chinois et de chinoises qui préfèrent la Raffa.

La pétanque s’adapte plus facilement à l’environnement et actuellement elle se pratique dans les universités avec de nouvelles générations qui se spécialisent uniquement en pétanque.

Pour conclure, le Sport Boules peut se développer en Chine, mais  la Raffa restera comme le jeu traditionnel.

B.C. à Jiayang et ses locomotives à vapeur
Culture Sport Boules : La pratique du jeu de boules semble beaucoup liée à l'économie : des industries (sidérurgie, charbon, pétrole) financent des équipes, des "affaires" se nouent autour de la pratique des boules. Peux tu nous en dire plus ?
B.C. : En Chine, les boules sont greffées directement sur l’économie.  Que ce soit les grandes entreprises d’état ou les énormes sociétés avec tous les syndicats qui gèrent leurs activités, tous soutiennent la boule chez les jeunes comme chez les vétérans dans toute la Chine. Cela donne de la puissance et de l’intérêt aux jeux de boules.

Les champions et les championnes héritent de cette position. Si un jour, la boule devenait olympique, une explosion aurait lieu dans toute la Chine. Dès le départ de son histoire en 1985, les universités ont  formés des élèves, qui, a leur tour, formeront d’autres élèves, une fois leurs diplômes obtenus, dans des parties géographiques de Chine.

B.C. à Ning Bo
NING BO est un exemple d’une Société type d’Etat.  SINOPEC soutient la boule et les dirigeants sont importants et imprégnés dans le bouillonnement du monde économique.

En effet, tout a commencé il y a 20 ans quand Cen Wei Fei et Cen Meiling, éducatrices de sport, sont devenues championne de Chine à la Raffa, je leur avais  appris comment tirer.

A présent la Société SINOPEC évolue avec ses championnes. SINOPEC les reconnaît et les traite avec égard et admiration. Avec les appuis de la grande direction, elles rayonnent sur leurs régions et leurs provinces afin entre autre d’enseigner les boules dans les écoles primaires, secondaires ou chez les vétérans. Elles ont entraînées dans leur réussite la venue de jeunes championnes comme Cheng Xiping ou Wang Fang.  Ce sont toutes des filles accomplies et très reconnaissantes envers moi.

C.S.B. : Les chiffres des pratiquants dans les Universités donnent le vertige ! Comment cette masse joue t'elle ? (y a t'il des tournois, des championnats ?) 
Boules à l'Université de Xinxiang
B.C. : Il est acquis que les boules peuvent se pratiquer dans les universités chinoises. Il est donc plus facile pour un ou une élève qui sort des universités de Pékin ou de Xian de pouvoir ouvrir une école de boules à l’intérieur d’une autre université dans une autre province.

Le nombre hallucinant d’élèves est en proportion avec les un milliard et demi d’habitants et c’est une autre échelle de voir des classes de boules évoluer au milieu de 38 000 élèves. Si nos dirigeants  se mettent à comprendre que la clé des boule est en Chine et puissent construire et multiplier des programmes d’échanges avec ces universités, ils ont une chance de sauver la boule en Europe.

B.C. avec les championnes chinoises à Ning Bo
Sinon il sera difficile de sauver quelque chose dans un pays comme la France où l'on est de plus en plus vieux. Il faut se servir de notre savoir et  l’exporter pour le sauver. Il n’y pas d’autres solutions et le danger est de ne pas prendre cette voie car rapidement, le Sport Boules disparaîtra et le jeu traditionnel deviendra très confidentiel.


Les universités font des compétitions entre eux et ont tous la possibilité de représenter leur province au championnat de Chine annuellement.


Culture Sport Boules : Tu viens de rentrer en France, selon toi, quelles seraient les bonnes idées et projets à développer pour notre discipline Sport-Boules ?
Bernard Champey : Je vous ai expliqué en partie mon point de vue : cela suscite une grande organisation collective que je ne vois pas malheureusement à ce jour pas venir. Je le regrette.

Malgré tout,  je ferai encore ce que je peux faire pour essayer de faire progresser par les échanges possibles entre la Chine et la France.  L’économie mondiale et les médias se trouvent en Chine principalement  et il faut trouver le moyen de tresser ces éléments pour se faire entendre. J’y suis arrivé et il n’y a pas de raisons que les autres n’y arrivent pas. Mon chemin était jonché de rencontres extraordinaires.

Faire progresser les échanges entre Chine et France
La disponibilité et la créativité sont les deux clés du secret. Je ne m’étais jamais rendu compte que je collabore depuis vingt sept ans avec Yao Zhihan et l’immense université de Xinxiang veut nous dédier un livre pour saluer notre longue collaboration sur cette expérience surréaliste ! Mais bien réelle.


Joyeux Noël 

et 

bonne année 2013 

à tous.

1 commentaire:

  1. Bonjour,
    personnage extraordinaire que Bernard Champey, après ses titres, son vagabondage (au sens fort du mot), ses poèmes et peintures, ce bouliste-artiste me paraît bien méconnu !!!! Nul n'est prophète en son pays. Bien cordialement et respects à lui et à toi, cher Christophe. Jacky Galliot
    ps: encore un très joli billet, merci.

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